Alzaëlle de Veardankour [ Aguilis ]

Elle y était. Enfin. Les yeux sombres de la jeune Alzaëlle de Veardankour s’attardèrent sur le plafond magique. Une sorte de rictus sembla un instant déchirer son visage si tranquille, si serein. Mais un instant seulement. Elle n’était pas du genre à s’émerveiller durant des heures sur telle ou telle chose… Peut-être était-ce parce qu’elle avait toujours été habituée à avoir le meilleur de tout ce qui pouvait exister.

L’air néanmoins intéressé, l’exquise petite poupée observa les premiers élèves se faire répartir. Certains étaient presque touchants de maladresse, dans leur manque total de contrôle d’eux-mêmes. Elle, elle était tranquille. Trop peut-être pour que certains n’en soient pas étonnés. Car même quelques descendants d’illustres familles de Sorciers se trouvant là ne semblaient pas en mener bien large.

Mais elle, elle n’était pas que l’illustre descendante de la célèbre famille de Veardankour. Elle était aussi l’exquise Alzaëlle ; la terrible enfant du monde magique.

Enfin son nom retentit. Quelques visages semblèrent se figer.

Elle.

La petite poupée se dirigea d’un pas sûr vers le miroir. Elle souriait. Ses parents lui avaient tout dit. Ce sacré miroir savait tout. Il ne fallait pas qu’elle en soit troublée, au contraire. Car quand il aurait lu en elle, il n’hésiterait pas à l’envoyer à l’endroit qui lui convenait le mieux. Et l’endroit qui convenait le mieux à l’unique héritière des de Veardankour, c’était Aguilis, assurément. Comment en aurait-il pu être autrement ? Depuis des générations, tous ses aïeux étaient passés pas là. La magie noire, on pouvait dire qu’ils en connaissaient un rayon les de Veardankour… Et que ça n’avait pas nui à leur fortune, ainsi qu’à leur influence colossale. Bien au contraire.

A ce moment là, Alzaëlle eut une pensée pour ses parents. Ses chers parents. Un couple démoniaque, craint par tous… Mais ils étaient tellement doux et attentionnés envers leur enfant. Elle avait tout eu, ils auraient encore aimé lui donner d’avantage. Sur le plan matériel bien sûr, elle avait été gâtée – trop sans doute – mais sur le plan affectif, ils n’auraient pu faire mieux. Car même s’ils l’avaient éduquée pour en faire la digne descendante des de Veardankour, ils l’avaient aussi aimée et cela, sans jamais faiblir.

« Ah… Je vois… Ca faisait si longtemps que j’attendais ça. En voir un autre… »

Les sombres yeux d’Alzaëlle scrutaient intensément le miroir, tandis que ce dernier lui « parlait ».

« Vous êtes tous si… intéressants. Si sûrs de vous et votre esprit est tellement fin… Mmmh… On dirait que Lilith et Andréys ont bien réussi leur coup… Tu es certainement l’enfant dont ils ont toujours rêvé. Si calme. Tu ne bronches pas, hein ? »

Non, en effet, Alzaëlle ne bronchait pas.

« De l’ambition, de l’intelligence… Une force de caractère sacrément bien développé… Oui, tu sais te faire respecter, c’est le moins que l’on puisse dire… Mais tu es aussi tellement dure… Ah… Déterminée aussi. Un brin égocentrique également, non ? Même si tu sais reconnaître la valeur des autres… Quand ils te semblent utiles, hein ? Calculatrice avec ça. »

Un sourire s’esquissa sur les lèvres rouge sang d’Alzaëlle. Oui, c’était elle, il avait raison. Ses yeux noirs, froids, sombres, aux longs cils de jais offraient au miroir toute son âme.
Frêle la silhouette ? Non, pas tant que l’on pourrait le croire au premier abord. Elle était de ses filles minces qui paraissaient fragiles mais dont les capacités physiques étonnaient toujours les autres.
La peau pâle, elle n’avait pourtant pas l’air d’un cadavre. Loin de là. Elle débordait de vitalité, d’énergie. Ses longs cheveux d’ébène encadraient parfaitement sa silhouette exquise et délicieuse. Les traits fins, Alzaëlle n’était pas que belle. Son charisme explosait à chaque seconde aux yeux des autres.

Enfin, le miroir rendit son verdict :