Une journée comme les autres s’annonçait pour la jeune fille. Tout était calme et serein dans le dortoir des demoiselles Aguilis. Elle s’attendait à une ambiance bien plus hautaine, et pourtant, la plupart n’étaient pas ainsi, bien que cela ne l’eût dérangée, bien au contraire. A Poudlard, la maison équivalente aux Aguilis était les Serpentard. Connus pour leur caractère trempé, Divine se demanda si elle avait bien fait de venir ici, et surtout, elle se demandait quand elle croiserait enfin un élève appartenant aux Neposs ou aux Lecticia…
Elle se demandait surtout si une seule personne dans l’école était comme elle. Impression de décalage, ces robes et fanfreluches ne lui correspondaient guère, elle qui avait l’habitude de se vêtir de vêtements sobres, hormis lors des banquets de sang… Se levant doucement de son draps, écartant les draps baignés de la chaleur nocturne, elle alla se placer devant son miroir, pour, comme chaque matin, s’admirer le temps de se rendre présentable.
Une fois habillée, elle s’avança lentement à travers les ailes du château, cherchant où retenir son attention. Et ce fut à son plus grand étonnement qu’elle atterrit dans l’aile est de l’académie. Ses pas retentissaient en une cadence régulière sur les dalles de marbre au gris pommelé, musique incessante.
La fillette jeta quelques regards insouciants autour d’elle. La lumière pure du soleil transperçait l’aspect de verre des larges fenêtres et, alors que les environs était tout endormis, Divine s’émerveillait du spectacle qui s’offrait à ses yeux. Dans un coin, une nuance, un éclat doré, formant sur le soleil des lignes entremêlées, un spectacle éblouissant.
Au dehors, toute la nature s’éveillait. Autour d’elle, la nature toute entière dévoilait son manteau. Elle s'arrêta là, contemplant l'étrange tableau qui se profilait devant elle. La nuit était presque partie, tombant comme une cendre fine au dessus de Beauxbatons. Elle voyait la forêt, les bois d'arbres verts dont les troncs minces et droits semblent sortir de la nappe dormante, et prenant, à ces heures, des apparences de colonnades.
Les grands feuillages confus formaient de larges tâches noires à l'horizon. Il y avait là, derrière ces taches, une lueur de braise, un levé de soleil à demi éteint qui n'enflammait qu'un bout de l'immensité grise. Ce grand morceau de ciel, sur ce petit coin de nature, avait un frisson, une tristesse vague. Un linceul d'ombre commençait à s’évaporer sur ce tableau époustouflant.
Divine éprouva une singulière sensation de désirs inavouables, à voir ce paysage qu'elle ne connaissait pas, cette nature si artistement sauvage, et dont la fraîcheur du jour frissonnant en faisait un bois sacré, une de ces clairières idéales au fond desquelles les anciens dieux cachaient leurs amours géantes, leurs adultères et leurs incestes divins.
Sur ces pensées sereines, elle s’égara un peu plus, à travers les longs couloirs glacés, pour finalement, atterrir devant un objet familier, mais qui l’intrigua tout du moins. C’était une cheminée. Son marbre était blanc, et le contraste avec le sol était si frappant, que pendant quelques instant, la blondinette en fut éblouit. Quand tout à coup, comme poussée par un dessin mystérieux, elle s’avança vers l’immense réceptacle au feu, pour y découvrir, étonnée, une fine poignée de bronze.
Curieuse, elle poussa d’une main l’anneau, se demandant ce qui s’y trouverait derrière. L’endroit serait à sa supposition bien étrange compte tenu du fait que la porte était masquée par cette étrange cheminée, dont les contours étaient marqués de lutins et de fées habilement gravés dans la noble pierre.
Quand tout à coup, elle entendit un bruit, la mélopée d’un pas, léger, une démarche discrète et sereine, celle de quelqu’un qui comme elle, vagabondait à travers l’académie pour y trouver le calme ou peut être bien les secrets…
Elle n’osa pas se retourner et resta là, tapie dans l’ombre, attendant de voir si la personne la remarquerait, là où le soleil ne pénétrait pas, sous la voûte amenant à un endroit inconnu et pour le moins fascinant.